Les industries cinématographiques et télévisuelles des pays anglophones à l’étranger :relations industrielles et culturelles

         Uni par la langue et la circulation des artistes, des techniciens et des capitaux, le monde cinématographique anglophone recouvre des organisations industrielles variées. De nombreuses coopérations existent entre ces différentes industries : États-Unis, Grande-Bretagne, Irlande, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande. Ce bloc ne fonctionne pas en vase clos et établit également des relations avec d’autres industries audiovisuelles, en Europe, en Amérique latine, en Asie. En cette ère de mondialisation, les industries anglophones s’impliquent de plus en plus à l’étranger, tant dans le domaine du cinéma que de la télévision.
        L’implication cinématographique et télévisuelle des pays anglophones à l’étranger peut se faire selon des modalités différentes. On peut tout d’abord penser aux productions délocalisées. Il s’agit alors de tourner à l’étranger. Mais on peut se référer également aux pratiques consistant à financer un film ou une série télévisée d’un autre pays, parfois dans une langue autre que l’anglais. Il s’agit alors de produire à l’étranger. Ces deux modes d’implication, délocalisation et investissements directs, répondent à des logiques économiques et culturelles différentes. On pourra envisager ces deux pratiques non comme contradictoires, mais comme complémentaires. 
        Se pose d’emblée la question du point de vue. Tout d’abord, la notion même d’« étranger » est problématique et implique que l’on se penche sur la façon de définir le national. À l’ère de la mondialisation, quelle pertinence revêt encore le terme de national ? La question du national se pose avec une force particulière pour les relations étroites qui lient les industries anglo-saxonnes entre elles. En second lieu, il serait bon d’aborder la question à la fois du point de vue des investisseurs et de celui des pays d’accueil. Pourquoi tourner et produire  à l’étranger ? De quels types de films et programmes parle-t-on exactement ? Quelle est la réaction des pays d’accueil ? Qu’apportent ces relations (bénéfices financiers, technologiques, etc.) ? Quelles en sont les limites (tensions, désaccords) ?
        Il s’agit certes de faire un historique de ce phénomène, mais surtout d’en faire ressortir la spécificité actuelle et les implications. On cherchera ici à mieux comprendre les phénomènes culturels à l’œuvre au sein d’une mondialisation où les cultures nationales restent vivaces. Quels sont les enjeux industriels et culturels de l’implication cinématographique et télévisuelle des pays anglophones à l’étranger aujourd’hui ?

Voici quelques pistes indicatives :

- relations entre investisseurs et agents locaux (collaboration ou contrôle, difficulté à travailler ensemble, bénéfices mutuels)
- modification des paysages audiovisuels
- types de films et programmes tournés et produits
- distribution de ces films et programmes
- relations privilégiées entre deux pays (Grande-Bretagne/Inde, États-Unis/Canada, etc.)
- définition de la nationalité des produits audiovisuels
- contenu culturel
- questions d’hybridation et de transnational
- échanges ou frictions culturels
- pratiques marketing
- réception de ces productions
 


English-speaking film and television industries abroad: industrial and cultural relations
 
        The English-speaking film world, united by the English language and the circulation of talents, technicians and capital, encompasses a variety of types of industrial organisation. There is a number of cooperations between the industries of the United States, Great Britain, Ireland, Australia, Canada and New Zealand. These countries not only work together, they also have relationships with other audiovisual industries across Europe, Latin America and Asia. At a time when globalisation is thriving, English-speaking film and television industries are getting more and more involved abroad.
        The involvement of English-speaking film and television industries abroad takes various shapes. One is the shooting of productions abroad, i.e. runaway productions. Another is producing abroad, i.e. financing films or television programmes of non-English-speaking countries, sometimes in the local language. Although these two types of involvements, runaway productions and direct investments, stem from different economic and cultural practices, they should not be considered conflicting but rather complementary.
        Studying such issues depends on the standpoint you adopt. First, the meanings of “abroad” and “foreign” are problematic and imply defining the concept of “nationality”. As the world is becoming increasingly “global”, is the concept of nationality still relevant? This question is particularly apt when one analyses the close relationships which link English-speaking film and television industries. Secondly, these issues should be considered both from the point of view of the investors and from the point of view of the host countries and industries. Why shoot and produce abroad? What specific kinds of films and programmes are shot and produced? How do the host countries and industries react? Are these relationships profitable (financially, technologically, etc.) or do they create tensions or disagreements? 
        We will welcome historical perspectives on this phenomenon, but more especially studies which emphasize its current specificities and possible future impacts. The aim is to analyse the cultural phenomena at work in a globalized world where national cultures still have a role to play. What are the industrial and cultural stakes of the involvement of English-speaking film and television industries abroad?

Papers (in English or French) might explore one or more of the following themes:
- relationships between investors and local players (collaboration or control, difficulties arising in the working relationships, mutual advantages)
- changing movie-making landscapes
- types of films and programmes shot and produced
- distribution of those films and programmes
- privileged relationships between two countries (Britain/India, United States/Canada, etc.)
- definition of the  nationality of the productions
- cultural content
- questions of hybridization and transnationalization
- cultural exchanges or tensions
- marketing practices
- reception of those productions